120 jours sans l’ombre d’une nuit, Svalbard

LifeSong dans les blocs de banquise du spitzberg

Un bout de vie au Svalbard

Notre saison au Svalbard est passée en un éclair comme si l’on avait vécu qu’une seule et grande journée de quatre mois. Sur l’adrénaline du soleil de minuit, nos corps ont tenu bon le rythme de la mélodie de LifeSong. Une chanson qui nous va bien!

Ces quatre mois au-dessus de 76degrés Nord, c’est aussi d’avoir l’impression d’y avoir vécu quatre saisons. 

L’HIVER

Un hiver au mois de mai! Et oui, c’est possible et on s’est régalé a skié dans les montagnes enneigées et navigué entre la banquise disloquée par le Gulf Stream. Les paysages blancs nous ont aveuglés par leurs beautés. Des montagnes pyramidales ponctuées de rochers et soulignés par une mer d’encre noire, le plus beau des tableaux.

Il a fait beau. Il a fait froid. Et LifeSong a quelques fois été couvert de stalactites; formés par l’eau de mer qui gèle instantanément sur les filières et autres accastillages de métal. 

Le nez rouge et les mains gelées à fixer l’horizon blanc aux jumelles on a redécouvert les beautés du Grand Nord sous son manteau blanc immaculé.

Quel bonheur de skier dans les montagnes tabulaires de l’Isfjord. Carabine sur le dos, à l’affut de la trace d’ours ou de la tâche beige au loin… Mais aucun ours ne s’est pointé le bout du nez (pendant le ski) et nous avons pu tranquillement sillonner les dénivelés avec l’innocence d’enfants heureux. 

Les ours polaires sont pourtant bien présents sur le territoire et nous avons pu en observer plusieurs toujours avec les mêmes yeux ébahis. Grâce à Florian Ledoux, nous avons même pu voir une chasse entre une jeune ours et un renne. En une course d’à peine quelques minutes, le pauvre renne n’avait plus aucune chance de survie (ou a plutôt eu la malchance de survivre une vingtaine de minutes avant l’agonie). Cette nouvelle habitude de chasser les cervidés, plutôt que les mammifères marins, a été observé à plusieurs reprises dans l’Isfjord. Serait-ce une adaptation aux changements climatiques?


LE PRINTEMPS

On est ensuite presque soudainement passé au printemps au mois de juin. La neige s’est mise à fondre sous la violence des rayons de soleil. On a continué à skier avec bonheur dans la neige transformée, puis on a fini par zigzaguer entre les zones de mousses et de cailloux à découvert. La délicate végétation arctique est sortie d’un long séjour ensevelie. Prête à fleurir et verdir au plus vite avant que la nuit revienne. Un combat de tous les instants pour pousser malgré les éléments violents. Les rennes qui ont creusé la neige et la glace tout l’hiver à la recherche de quelques bouchées de lichens secs voient enfin les beaux jours arriver. C’est le moment de troquer leurs manteaux blancs pour leurs robes d’été. On les voit tranquillement se fondre dans le paysage et (enfin) ne plus ressembler à des ours. 

Le 21 juin, le soleil est aussi haut à midi qu’à minuit, mais cela ne nous surprend plus. Nous avons presque pris pour acquis que la nuit n’existe plus. 

Les enfants, eux, sont toujours un peu surpris quand on leur dit qu’il est l’heure d’aller dormir. Ayant toujours l’impression que c’est l’heure du goûter. 


L’ÉTÉ

L’été est arrivé en juillet avec son soleil réconfortant. Jade s’est mise à se baigner presque à chaque sortie à terre (l’eau reste quand même entre 4 à 8 degrés!) La végétation, qui ne dépasse pas les cinq centimètres, est devenue verdoyante, les verts presque irréels. Les oiseaux qui nichent partout sur le territoire du Svalbard commence à voir éclosent leurs «précieux».  Le temps compte pour que les oisillons deviennent assez grands pour effectuer la migration de retour. La douceur d’un instant, l’arctique paraît un lieu d’accueil idéal et paisible. C’est pourquoi autant d’espèces s’offrent ce voyage insensé loin au Nord de leur hivernage. La sterne arctique a même la folle idée de joindre les deux pôles à chaque année. 70 000 km de route pour prendre des vacances sans l’ombre d’une nuit. 

Les ours, eux, repèrent de loin les quelques plaques de neige persistantes pour y gagner de la fraicheur l’instant d’une sieste. Ils rêvent certainement au retour tant attendue de la banquise; leur terrain de chasse préféré. 

Les morses, eux, se prélassent sur la plage pendant l’été. Entassé les uns sur les autres, ils préfèrent clairement le calme d’un bout de banquise. Vivement que l’hiver revienne!


L’AUTOMNE

Le mois d’août s’est montré en automne à notre plus grande surprise. Les températures sont redescendues. Le soleil aussi a des envies de se coucher sur l’horizon, mais résiste encore. La végétation qui pensait avoir un répit commence déjà à rougir. Les rennes ont froid dans le dos à voir l’hiver revenir si vite. Les glaciers dénudés jusqu’au fond des crevasses, craquent comme jamais. C’est le clou du spectacle avant la tombée de rideau. Un hiver à se refaire avant de tout recracher à la mer. Les scientifiques polonais du Sud du Svalbard se préparent à la solitude des mois de nuits polaires; des mois de noirceur où les étoiles et les aurores boréales deviennent leur soleil. 


Au revoir Svalbard

Comme LifeSong ne compte pas encore hiverner dans la banquise (dommage…), on a tracé au Sud en laissant le continent blanc plein Nord. C’est personnellement sans grande hâte que j’ai retrouvé la noirceur du jour. La luminosité arctique me convenant parfaitement… Les enfants ont retrouvé la nuit comme une surprise oubliée. Ça existe vraiment la nuit noire; ce n’est pas juste dans les histoires…  

La quantité de voitures, de maisons et d’arbres aussi n’a pas cessé de les étonner les premiers jours. Et pourtant, ce n’est pas au Nord de la Norvège qu’on en voit le plus…  

On devint facilement accro aux paysages et à l’ambiance du Grand Nord. C’est pourquoi comme des milliers d’oiseaux et de baleines nous reviendrons l’an prochain pour notre migration annuelle. 

On ira même au Groenland! Voir notre calendrier 2024.

The dream team!

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