Extrait du livre Dormir sous les étoiles de notre second pour la saison 2022: Lucas Lepage.
Aventurier des temps modernes et talentueux photographe, laissez-vous porter par ses récits du bout du monde et ses clichés de paysages grandiose
Dormir sous les étoiles est un condensé de tous ses bivouacs réalisés durant son tour du monde de 5 ans à travers tous les continents. Nous avons choisi de vous partager la partie Scandinavie (Norvège et Suède) ainsi que la conclusion de son ouvrage. Bonne lecture!
Grand Nord
Des hivers d’expéditions en traîneau à chiens
Page 176
Le Grand Nord est mon lieu de travail. C’est là que j’aime passer la moitié de l’année. Partageant la vie d’une meute de chiens, glissant sur mon traineau, tout en m’épanouissant de cette communion harmonieuse entre l’Homme, l’Animal et la Nature. L’énergie dégagée par cette relation me pousse à croire que c’est bien ici qu’est ma place. Je m’y sens chez moi.
Les soirs d’expédition, je pose mon bivouac au milieu de ces interminables plaines enneigées, au pied de pics rocheux ou encore à l’orée d’un bois. Sous ces latitudes élevées, la pollution lumineuse des villes ou de l’activité humaine n’a pas sa place. Les lueurs d’un coucher de soleil qui n’en fini pas, repeignent toujours le paysage par un gamme de couleurs pastels. La nuit, seules les lumières de la lune, de la voûte céleste ou des aurores boréales viennent se refléter avec douceur sur la neige alentour. Éclairant ainsi mes sorties nocturnes et les bivouacs avec mon attelage de chiens. Silence et pureté dans les grands espaces nordiques.






La vie avec les chiens
À la fin de chaque journée, après avoir installé le campement et nourris mes chiens, j’enveloppe chacun d’entre eux dans un manteau en duvet pour les protéger des températures pouvant chuter jusqu’à -40°c. En alternance, en fonction du travail effectué dans la journée, je choisis toujours quelques chiens pour dormir avec moi sous la tente. Ils ont ainsi leur récompense d’une longue journée de travail. Ils récupéreront plus vite et chaufferont l’atmosphère de mon habitacle. Les autres, attachés à une ligne, dormiront roulés en boule à l’extérieur. Ils se laisseront recouvrir d’une fine pellicule de neige qui les abritera des assauts du vent et du froid.

Les aurores boréales
L’hiver, au-dessus du 66° parallèle nord, le soleil ne passe plus la ligne d’horizon. Jaloux de n’avoir que quelques heures pour briller, il nous rappelle son existence en nous envoyant ses particules qui viendront danser dans le ciel sous la forme d’aurores boréales. Leur intensité est si grande et si vive que leurs couleurs vertes et émeraudes se reflètent sur la neige blanche. Plongeant le spectateur dans un décor allant au-delà du réel.
Le peuple Sami, occupant le Nord de la Scandinavie attribue pour légende aux aurores l’histoire d’un renard, courant les monts de l’Arctique et qui illumine le ciel en projetant des étincelles dans le ciel. D’autres légendes racontent qu’il s’agirait du souffle des baleines ou du passage des défunts de la Terre au Ciel. En cette nuit polaire, les chiens, recroquevillés sur eux-mêmes, se reposent sous la danse des aurores boréales.
Vivre, c’est se réveiller la nuit dans l’impatience du jour à venir. C’est s’émerveiller de ce que le miracle quotidien se reproduise pour nous une fois encore. C’est avoir des insomnies de joie.
Paul-Émile Victor

Épilogue
Page 193
Un hommage à la beauté de notre planète
Hémisphère nord, hémisphère sud, au mètre près sur la ligne de l’Équateur et tout au long de ses 40 075 km, sur les rives de chaque océan et sur le sol de presque tout les continents, j’ai campé sous une multitude de latitudes du globe. Déserts, jungles, plaines enneigées, cimes rocheuses, j’y ai aussi connu tous les environnements. De terre, de sable, de glace ou de béton, j’ai foulé toutes les surfaces. La plus belle richesse que possède l’homme est sous ses pieds et elle est aussi variée qu’unique, aussi imposante que fragile. Bivouaquer m’a permis d’en prendre conscience, de m’unir avec la Terre et de lui être redevable.
Notre planète est notre plus beau trésor. Depuis sa création jusqu’à aujourd’hui, elle n’a cessé d’évoluer, de changer parfois même brutalement. Pas de dérèglements climatiques, mais des alternances entre périodes chaudes et périodes froides, au gré de l’activité du soleil et de l’axe de rotation de la Terre. A son rythme, la nature se développait, entraînant l’apparition ou la disparition d’espèces végétales ou animales.
La vie
L’humanité de ses jeunes débuts au siècle dernier, a elle aussi été spectatrice de ces évolutions, tout en se développant elle même. Tous les hommes, tous les végétaux, tous les autres animaux, vivaient ensemble. Tous faisaient parti du grand tout. Dans cette mutualité, ils formaient la Nature qui célébrait la diversité.
L’humanité n’occupait pas encore beaucoup de place sur le sol de la Terre. Son impact sur l’environnement était encore insignifiant.
En quelques décennies, convaincu d’être maître et possesseur du destin de la planète, l’homme est devenu l’acteur principal de changements incontrôlables et néfastes, qui érodent dangereusement ce fragile équilibre.
Une grande partie des hommes se voile la face. Aujourd’hui encore on assiste à une consommation à outrance qui pousse à une surexploitation. Un rythme effréné qui mène à la perte irrémédiable de beaucoup de ces richesses naturelles.
Heureusement, un nombre grandissant de personnes prennent conscience que les possessions et biens n’auront plus de sens, de valeur sans une planète en bonne santé, bien commun et indispensable de tous ses habitants.
Pour retrouver une harmonie, un équilibre entre le développement de l’humanité et la nature, dont nous dépendons, la première étape consiste à transformer notre façon de penser et de consommer. Chacun, à sa propre échelle et en sa propre conscience doit apporter une pierre à l’édifice de l’écologie. Il ne s’agit pas d’un changement radical de mode de vie, mais de la mise en place d’actions simples et valeureuses. Les opportunités bienveillantes sont nombreuses et peu contraignantes.
On aime ce qui nous a émerveillé, et on protège ce que l’on aime.
Jaques-Yves Cousteau
L’avenir
L’homme doit donner aux générations futures l’envie et les moyens de rectifier cette mauvaise trajectoire… pour entrer de nouveau dans un processus d’union avec la nature. Chaque adulte est le pédagogue d’un enfant, il a le devoir de lui donner l’envie de changer les choses, de le sensibiliser à une cause. Jean Louis Étienne dit à ce sujet « qu’il faut allumer dans l’esprit des enfants l’envie d’apprendre et d’avenir. Au delà des considérations générales qui nous accablent, les actions personnelles de préservation de l’environnement sont toujours gratifiantes et contribuent à donner aux autres l’envie d’en faire autant. Susciter l’envie : le premier des fondements de l’éducation. »
Mes bivouacs et mes aventures aux quatre coins du monde m’ont permis d’être plus proche de la nature, et ainsi, de constater notre impact et les changements que ceux ci engendrent sur notre environnement. Avisé, j’essaie simplement d’interpeller les consciences : Considérons notre planète.
La Terre est une multitude de paysages, écosystèmes et phénomènes climatiques qui sont des invitations à la découverte et l’émerveillement. Ella abrite plus de sept millions d’espèces animales, presque 300 000 espèces végétales, une douzaine de climats différents. Nous lui devons la vie, qui selon nos connaissances actuelles, n’existe nulle part ailleurs.
Elle est une chance unique, une richesse universelle auquel tout le monde a accès. Librement.
Amoureux inconditionnel du monde extérieur, je trouve cette richesse dans la simplicité de ce que la Terre a à offrir.
Notamment, de passer une nuit dehors, de lever les yeux … et d’admirer les étoiles.

Vous en voulez plus…
Pour en découvrir d’avantage sur Lucas; ses livres, ses photos et ses aventures, visiter son site: lucaslepage.com
Et découvrez son autre magnifique livre sur les Écoles du bout du Monde.
Disponible à la vente sur www.mavillemonshopping.fr
