Les merveilles du Golfe

Depuis notre départ d’Halifax, nous avons navigué d’une surprise à l’autre! Contrairement à la Patagonie, à l’Antarctique et à la Polynésie, nous avons rencontré peu de marins ayant navigué la région. Nous avons donc vogué ces dernières semaines dans l’inconnu et la découverte avec une excitation d’enfant.

Tout le monde la sait, le Canada c’est très sauvage! Et bien, on confirme. Évidemment, étant un petit peu hors saison, cela aide à ne croiser personne ou presque…

La navigation en Nouvelle-Écosse est très intéressante; il y a de nombreux canaux, îles, villages minuscules et personnages curieux qui agrémentent la route. Nous avons essayé de comprendre des acadiens de Nouvelle-Écosse, parlé avec un homme qui hiverne seul sur une île fantôme, fait des feux sur des plages désertes et zigzagué entre les casiers de pêche au homard! On peut facilement passer des semaines à explorer les mouillages sauvages de l’île principale et de celle de Cap Breton!

Ensuite, il y a eu la traversée du Golfe du St-Laurent vers Gaspé et j’avoue que tout le monde a été un peu surpris à l’approche de Percé en voyant la quantité de neige qui restait encore dans les montagnes… On a même rêvé quelques instants que le centre de ski serait encore ouvert…

Une arrivée majestueuse avec ce contraste de neige et de roche, la vue du rocher percé, le doux soleil de printemps, une apparition de dauphins, les phoques qui se prélassent sur les bouts de glace restants et le clou du spectacle: un béluga qui joue avec le bateau pendant plus d’une heure!

On s’ancre dans la Baie de Gaspé où quelques glaces flottent encore. L’idée d’arriver à Gaspé, 11 ans après l’avoir quitté suite à mes études en Tourisme d’Aventure me rend surexcitée! Quel bonheur de revenir dans un endroit qui nous a tant touchés! 

J’avais évidemment « vendu » l’endroit à tous les équipiers leur certifiant que GASPÉ était L’Endroit de choix pour une escale! Nous n’avons pas été déçus… L’accueil reçu par la marina et toute la population côtoyée pendant notre séjour était exemplaire.

Nous avons quand même eu de petites frayeurs à cause des glaces qui ont soudainement attaqué le bateau à la fin du deuxième jour… On a donc dû bouger d’urgence dans la marina encore gelée… Une belle petite aventure en prévision du Groenland.

Nous avons quitté Gaspé à contre-coeur une semaine plus tard pour rejoindre Terre-Neuve. Après plusieurs heures de navigation, nous l’avons vu apparaître et cela m’a donné l’effet d’une arrivée Antarctique: un grand plateau blanc qui grossit doucement. Je ne savais pas du tout à quoi m’attendre de Terre-Neuve et j’ai été agréablement surprise d’y voir des montagnes dénudées et encore enneigés, des fjords profonds et sauvages et de microscopiques villages perdus. Les options de mouillages et de randonnées y sont nombreuses. Nous avions l’impression de nous retrouver en Patagonie!

Puis pourquoi ne pas faire un petit saut en territoire français?! Saint-Pierre et Miquelon sont des îles peu connues, souvent oubliées, mais aussi mythiques pour ceux qui en ont déjà entendu parler. Nous sommes également tombés sous le charme! 

À l’approche des îles, on découvre les grandes étendues désertes, les phares fiers dans la houle, l’île aux marins et ses maisons colorées et le village de St-Pierre étonnamment imposant par rapport au reste de l’île. On est accueilli comme des rois dans ce petit bout de France. Le premier voilier de l’année!

Nous avons donc été bien surpris de voir un autre voilier arriver le lendemain! D’autres «fous» de la voile: deux jeunes frères belges (18 et 21 ans) qui ont «modifié» leur trans-atlantique retour pour faire un petit crochet vers le Nord. C’est donc après 18 jours de mer depuis la Guadeloupe qu’ils sont arrivés sous le brouillard de St-Pierre sans chauffage et habillé de toutes leurs couches de vêtements! Belle rencontre.

L’escale fut courte à St-Pierre, mais juste assez longue pour tomber sous le charme des St-Pierrais et de ses îlots perdues aux charmes multiples.

On repart en se faisant demander de multiples fois quand allons-nous revenir… Notre navigation de nuit vers le Sud de Terre-Neuve fut tout aussi surprenante; nous y avons croisé nos premiers icebergs! Grâce aux cartes de glace, nous savions qu’ils étaient présents, mais c’est toujours irréel la première fois qu’on voit un de ces monstres blancs à quelques centaines de mètres du bateau dans la nuit noire… De St-Pierre à St-John’s nous avons dû en croiser une cinquantaine. Ils avaient tous l’air de dériver paisiblement comme si leur présence était des plus naturelles!

Notre navigation s’est clôturée dans le dense brouillard caractéristique de la région pour entrer dans l’étroit passage bordé de falaises de roches; seul accès au port coloré de St-John’s.

Heureux d’être à quai, on commence le rush des derniers préparatifs avant la grande traversée vers le Groenland!

À suivre…

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